Vous interrogez l’IAD. En plus de vous répondre, nous publions vos questions (y compris celles qui dérangent) et nos réponses.

Pourquoi l'IAD a-t-il changé de statut juridique ?

Lorsqu’en 2009 l’Institut de l’Agriculture Durable a été créé, il s’est construit sur la volonté d’agriculteurs pionniers d’une conduite durable de leurs sols et de leurs cultures, dans l’objectif de faire progresser  et  faire reconnaitre ce nouveau modèle agricole par les pouvoirs publics.

A force de pédagogie, notamment à travers les Rencontres Internationales de l’Agriculture Durable, et de conviction illustrée par des agriculteurs convaincus et forts de résultats témoignant des bénéfices de l’agriculture de conservation des sols, l’IAD a très largement participé à l’émergence de l’agroécologie. Avec l’ensemble de nos sociétaires, nous avons contribué à la définition de cette politique en faveur d’une agriculture respectueuse de l’environnement tout en étant économiquement efficiente et socialement pertinente. Sous notre plume, en activant nos réseaux, l’agro-écologie a d’abord progressivement pris forme dans les politiques publiques avant de pénétrer les milieux professionnels.

L’agroécologie est devenue une idée et un concept largement partagé au sein du monde agricole.

Chacun avec plus ou moins d’opportunisme, de justesse, de résultats, s’est approprié ce nouveau modèle rompant avec la dualité stérile entre agriculture conventionnelle et agriculture biologique dans l’objectif de s’y intégrer au regard de tous ses bénéfices ou pour simplement le dévoyer.

Avec la conviction qu’il faut évaluer des résultats pour progresser, l’IAD a développé  une plateforme internet de calcul des indicateurs de résultats www.indiciades.fr. Elle a accompagné de nombreuses démarches d’agriculteurs en témoignant des résultats des différentes conduites agronomiques des fermes. De nombreux GIEE se sont construits sur les fondations de l’IAD, tel que Sol en Caux qui aura été le 100ème labellisé par le Ministre Stéphane le FOLL.

L’IAD aura été un incubateur nécessaire au renforcement d’associations d’agriculteurs, à l’émergence de nombreuses autres associations davantage pluridisciplinaires, toujours animées de la même constante : face aux incertitudes sociétales et climatiques, l’autonomie et la résilience des fermes seront la conséquence des résultats soutenables de leurs pratiques.

Ces 12 années de travail au sein de l’IAD s’achèvent sur le constat que sa force aura été sa capacité a instaurer le  dialogue entre les agriculteurs, les associations et les entreprises, entre secteur privé et public et avec le sentiment du devoir accompli : la diffusion des principes de l’agro-écologie et la mise à disposition d’outils d’évaluation auront été les piliers de cette action qui a largement contribué à faire la démonstration que l’Agriculture de Conservation serait une réponse aux divers défis à venir.

Si le bilan est globalement très positif, quelques regrets sont à formuler : toutes les tentatives de récupération qui se sont éloignées des agriculteurs innovants risquent à nos yeux d’être porteuses  d’échecs préjudiciables pour les agriculteurs et plus grave encore, risquent de renforcer des réactions d’hostilité aux nécessaires changements du paradigme de production.

Il est alors temps pour l’IAD de construire une nouvelle étape et une nouvelle histoire est à écrire. La crise sanitaire et ses conséquences économiques ont durement affecté l’un des piliers des ressources de l’IAD : la formation. La situation financière qui en résulte s’est dégradée et le paysage agricole soumis ces 2 dernières années à des aléas climatiques aux graves conséquences ne laisse pas entrevoir de reprise à court terme.

La transformation en association s’avère nécessaire pour poursuivre ses actions.

Elle doit s’appuyer sur de nouvelles structures et l’IAD, porte-parole des agriculteurs innovants et du dialogue avec les entreprises, doit continuer à être présent dans les différentes structures de réflexion, de décision et d’influence.

Notre responsabilité est de décider collectivement la cessation d’activité de l’IAD. Je vous le propose à un moment où notre trésorerie nous permet de couvrir la quasi-totalité de nos dettes.

Après avoir fait des couverts végétaux, de la photosynthèse et de la biomasse, les moteurs du développement de l’agriculture de conservation des sols, la question du Carbone est aujourd’hui centrale pour l’avenir de l’agriculture mais aussi de la société. Les enjeux climatiques et sociétaux de plus en plus radicaux à travers le monde montrent chaque jour l’importance d’une agriculture puits de Carbone, adaptée aux besoins et aux demandes alimentaires, énergétiques et environnementales. C’est le nouveau chantier que portera la nouvelle association IAD avec le Centre National d’Agro-écologie-Carbone Fertile dont elle est membre fondateur.

Quelles sont les meilleures espèces pour le semis d'un couvert végétal ?
L’IAD est régulièrement interrogé sur la question des espèces présentes dans les couverts végétaux. Si l’IAD peut répondre en suggérant une méthode de réflexion, il ne répondra pas pour autant directement aux attentes de ceux qui la posent.
La bonne pratique est, en effet, de se demander pourquoi on envisage de semer un couvert végétal, comment et pour quelle finalité :
  • destination des couverts (auto-consommation animale, exportation, restitution partielle ou totale au sol)
  • simple CIPAN pour répondre à des obligations réglementaires
  • besoin d’une forte biomasse pour la production d’énergie
  • besoin protéique pour l’autonomie alimentaire du bétail
  • besoin d’azote symbiotique (fabacées)
  • besoin de restauration des sols (carbone, biomasse, biodiversité)
Evidemment, la date de semis ainsi que la durée de ce couvert végétal avant destruction sont déterminantes. Tout comme le sont les moyens de destruction que vous envisagez :
  • physiques, avec des plantes gélives sur les semis d’automne
  • mécaniques, simple roulage ou enfouissement
  • chimiques
Il faut également prendre en compte d’autres caractéristiques des plantes en réponse aux besoins de votre sol :
  • type de racine en relation avec la structure du sol (pivotante, fascisulée, traçante,…)
  • potentiel d’oxydo-réduction des plantes associé au pH du sol
  • … Sans oublier de prendre en compte la texture de votre sol, ainsi que le contexte pédoclimatique
En répondant à ces questions, vous commencerez vous-même à avoir une meilleure idée des espèces à privilégier dans vos couverts végétaux.
Comment être crédible et cohérent en préconisant la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires en étant en partenariat avec des grands noms de l'agrochimie ?

Une telle formulation sans détour appelle donc des réponses directes et précises. Elles sont de plusieurs ordres :

1 – En termes d’influence au sein de l’IAD tout d’abord.

  • Strictement aucune des entreprises membres de l’IAD ne dispose de plus de 12% des droits de vote de l’IAD SAS. 7% en ce qui concerne Monsanto et Syngenta
  • Seuls OCI Agro et Syngenta sont administrateurs minoritaires. Les autres n’ont pas de siège au Conseil d’administration.
  • En outre, les statuts imposent de façon absolue que l’IAD soit dirigé et présidé par des agriculteurs
  • De plus, une clause spécifique des statuts exige que le CA comporte 2 administrateurs du Collège C (agriculteurs) de plus que le nombre d’administrateurs élus au sein du Collège B (entreprises)
  • Enfin l’expression des membres de l’IAD est strictement orientée vers l’ACS (cf l’objet social de l’IAD)

2 – S’agissant de la plateforme indiciades.fr, elle ne comporte aucun biais idéologique.

Les résultats sont des résultats mesurables et donc indépendants des entreprises membres de l’IAD. Cela témoigne de l’esprit des travaux de l’IAD.

3 – Sur le fond, la présence des sociétés  de l’industrie agrochimique répond à un principe constitutif de l’IAD qui repose sur l’idée suivante :

  • On ne peut pas laisser les agriculteurs prendre seuls l’entière responsabilité de la transition agroécologique et d’en assumer tous les risques économiques et financiers.
  • Il faut impliquer dans cette transition l’ensemble des acteurs amont de la production agricole : machinisme, génétique, fertilisation, sciences du sol et agronomie,… A ce stade, le tour de table s’est concentré sur les besoins en génétique générés par ces pratiques agricoles, et non sur la chimie.
  • L’apport de tous ceux qui contribuent à la production agricole est indispensable pour permettre le changement. On peut en effet parler d’agriculture sans évoquer ces acteurs-là. Ce serait être aveugle ou se mentir à soi-même.

Il y a toujours 2 façons d’accompagner le changement : être en opposition depuis l’extérieur OU travailler au changement en se plaçant au sein du système. Les 2 positionnements sont complémentaires. L’IAD estime que plutôt de chercher des oppositions, il convient de privilégier les objectifs et contraindre ces entreprises à regarder vers l’agriculture du vivant.

L’IAD depuis sa création a mis en oeuvre de façon concrète cette philosophie. Son objectif est de fédérer plutôt que d’exclure.

En 10 ans de travail de conviction et d’action pour l’innovation et le changement agroécologique, l’IAD figure parmi les fondateurs :

  • du programme Agr’Eau (avec l’AFAF). Les résultats de ce programme sont consultables sur le site www.agroforesterie.fr
  • du projet Pour une Agriculture du Vivant
  • …parmi d’autres.

Les résultats du programme Agr’Eau sont probablement la meilleure réponse sur l’indépendance que l’IAD peut avoir vis-à-vis de ses membres.

Dans une société de la communication où les mots remplacent très souvent les idées, l’IAD a choisi de mesurer publiquement des résultats plutôt que de rester dans la bonne parole sans preuves.

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