Les menaces sur le sol (érosion, compactage,...)
Aujourd’hui, la conservation des sols, sous entendu la conservation de la fertilité des sols, est devenue une priorité car le sol est le support fondamental pour l’agriculture. Pourtant nos modes de cultures conventionnels, qu’ils soient AB ou non, posent de réels problèmes tels que :
- L’affinage des sols pour la création des lits de semences qui favorise la battance, entraînant l’asphyxie du sol, empêchant la germination des graines et favorisant le ruissellement de l’eau qui emporte avec elle tous les résidus de produits phytosanitaires et fertilisants apportés en surface.
- Le compactage des sols, conséquence de l’affinage du sol sur une grande profondeur (30 cm) et de la baisse des taux de matière organique. Cet état structural empêche l’infiltration de l’eau dans le sol, le réapprovisionnement des nappes phréatiques, diminue la croissance des systèmes racinaires, baisse la disponibilité des éléments minéraux et de l’eau pour les plantes, et favorisant la disparition d’activité biologique dans le sol (asphyxie). Le compactage s’installe plus ou moins rapidement selon la texture et la structure du sol.
La compaction des sols est dû à :
- un nombre d’interventions élevées sur la parcelle
- une intensité importante dans l’action des outils
- une création importante de terre fine
- un matériel trop lourd
- le passage des engins sur des sols humides
- le travail des engins dans des sols humides
- L’érosion des sols consécutive à la formation de la battance et à la compaction des sols entrainant la perte irréversible des sols.
- La diminution du taux de matière organique (MO) dans le sol liée au faible taux de retour de la biomasse végétale et à l’oxydation excessive (travail du sol et fertilisation). La MO contribue à la stabilité structurale du sol, à sa fertilité, à la production de biomasse, au pouvoir fixateur du sol (complexe argilo-humique) et à la régulation de l’effet de serre en stockant le carbone.
- La perte de la biodiversité et de l’activité biologique est consécutive à la destruction des habitats par les outils et la suppression de la nourriture (résidus végétaux). L’activité biologique du sol joue un rôle fondamental dans la minéralisation de la matière organique. Sans activité biologique, le turn-over de la MO est plus lent et, pour compenser la moindre minéralisation, l’agriculture a un recours de plus en plus important au travail du sol (oxydation accrue de la MO), aux engrais organiques et de synthèse. De plus, la quantité des organismes joue un rôle sur la structure des sols (champignons, vers de terre), sur les relations avec la plante (symbioses racinaires, bactéries, mycorhizes) et l’efficacité des chaînes trophiques.
- La pollution de l’eau et des sols par les nitrates (lixiviation) et les produits phytosanitaires. On parle alors de phytotoxicité qui peut engendrer des pertes de rendement.
- L’épuisement des sols en éléments chimiques (N, P, K…) est dû au lessivage des éléments, à une succession de culture ayant les mêmes besoins dont la carence en un seul peut avoir des effets néfastes sur le rendement (principe du facteur limitant).
- Les pratiques agricoles actuelles, énergivores, utilisent la notion de « sol support » et permettent de conserver artificiellement le sol « en production » grâce à l’utilisation des machines et des intrants. La principale question que pose les pratiques agricoles est de connaître leur potentiel de durabilité, c’est-à-dire leurs capacités à produire en grande quantité des aliments de bonne qualité, de l’énergie renouvelable, des biomatériaux et des ressources adaptées à la chimie verte, le tout en protégeant les ressources naturelles que sont le sol, l’eau, l’air et la biodiversité.
Solutions apportées par l’agriculture durable
La couverture permanente des sols
Cette couverture supprime les phénomènes de battance, de compaction et d’érosion (par l’eau et le vent). Les végétaux interceptent l’énergie cinétique des gouttes d’eau, amortissent l’eau dans un matelas de débris, favorisent l’infiltration par l’action conjuguée des racines et de l’activité biologique et ralentissent le ruissellement en cas d’excès d’eau.
Elle a aussi pour rôle pour diminuer la pollution en filtrant le sol grâce aux racines des plantes (culture intermédiaire piège à nitrates) et, après dégradation, d’augmenter le taux de matière organique ce qui permet de renforcer la capacité de dénitrification et de rétention du complexe argilo-humique (l’activité biologique est responsable de la transformation des nitrates (NO3-) lessivables en ammoniums (NH4+) captés par la CEC en présence d’une nutrition carbonée fraiche sur le sol). L’augmentation des taux de MO du sol accélère la dégradation des molécules de produits phytosanitaires ce qui diminue les risques de pollution de l’eau.
Enfin la minéralisation de la couverture végétale alimente le cycle des nutriments en éléments chimiques simples assimilables par les systèmes racinaires. >>>Accoître la couverture des sols
La rotation des cultures diversifiées
La rotation permet de jouer sur 2 enjeux de la protection des sols. D’une part, en variant les besoins nutritifs des plantes, elle permet au sol de régénérer son stock en éléments minéraux jouant ainsi sur la loi du facteur limitant et introduisant une meilleure gestion des fertilisants. D’autre part, la rotation, en variant le rythme des successions culturales et la nature des apports nutritifs, lutte efficacement contre les parasites en améliorant la diversité et la quantité d’êtres vivants présents dans l’activité biologique du sol. La lutte biologique débute avec une forte activité biologique et une forte biodiversité présente dans les parcelles agricoles. >>>Améliorer la rotation des cultures
Le semis direct
Le semis direct solutionne efficacement la problématique de la destruction du gîte et du couvert réalisée par les outils de travail du sol. C’est une technique douce de gestion des sols. Le poids des engins est faible, l’énergie utilisé également, l’intensité du travail du sol est supprimée, les semoirs savent gérer les résidus des cultures. Cette technique limite le compactage des sols uniquement si elle est associée à la couverture des sols. En évitant le travail du sol, on supprime tous les aspects négatifs liés à l’action des outils. L’absence de travail du sol, en préservant les habitats, permet le retour de l’activité biologique du sol, notamment les vers de terre qui aèrent le sol et les champignons qui le structurent (ils produisent l’humus, c’est-à-dire la fraction stable de la matière organique qui colle le sol). >>>Favoriser le non-travail du sol
La perte de matière organique
La matière organique est l’élément capital pour pouvoir parler de sol vivant et de puits de carbone. Cette matière, « l’humus », est le résultat de la digestion des débris de végétaux, de cadavres d’animaux (notamment des insectes et microorganismes) et des effluents organiques (fumier, lisier) par l’activité biologique du sol. Plus l’alimentation en produits carbonés frais (résidus végétaux) de l’activité biologique du sol est importante dans un habitat préservé, et plus la production de matière organique est élevée. Le temps de dégradation est appelé turnover et permet d’apprécier l’activité biologique d’un sol : plus l’activité biologique est élevée, plus le temps de renouvellement du stock organique est faible à la seule condition que l’alimentation du sol en produits carbonés frais soit assurée. Le schéma ci-après permet de visualiser les différents rôles de la matière organique. Parmi ces rôles, le stockage des éléments minéraux (« garde manger ») est l’un des plus importants ainsi que la stabilité structurale qui permet de faire face à l’érosion et à la battance des sols.
La capacité d’échange cationique d’un sol (CEC) fait référence à la taille du complexe argilo-humique (CAH) et traduit la capacité du sol à retenir les éléments minéraux qui sont les nutriments de la plante. Ceux-ci étant chargés positivement, ils sont retenus par le CAH qui lui est chargé négativement.
Tous les cations n’ont pas le même pouvoir floculant (≈ pouvoir d’accroche) et sont classés ainsi : Ca2+> H+> Mg2+> K+>Na+>NH4+.
La matière organique a des effets sur les propriétés physiques, chimiques et biologiques du sol, sur les comportements du sol face aux agressions biotiques et abiotiques ainsi que sur la production végétale. Le contrôle du taux de matière organique est important car pour que le sol bénéficie d’effets structurant par exemple, il faut au moins un taux de MO se 1,4% pour 20% d’argile. Dans un système agricole, se pencher sur les causes de la diminution du taux de matière organique dans le sol est important.
Menace
Plus un sol perd sa matière organique, plus son activité biologique décline, plus la battance, la compaction et l’érosion s’installent, entraînant de graves conséquences sur la qualité de l’eau et la production de gaz à effet de serre. La baisse des taux de matière organique dans les sols est la conséquence de :
- L’absence de couverture végétale et de restitution des résidus des cultures constituant la nourriture pour l’activité biologique des sols,
- La disparition de l’activité biologique, principalement détruite par l’action des outils de travail du sol, impliquant l’incapacité de renouvellement de la matière organique,
- L’enfouissement des résidus végétaux par le labour profond qui bouleverse les habitats et inverse les conditions de vie de l’activité biologique responsables de leurs dégradation,
- La minéralisation trop rapide favorisée par le travail intensif du sol qui engendre une forte aération du sol qui catalyse l’activité des bactéries responsables de la minéralisation,
- L’érosion car la matière organique est stockée sur les premiers centimètres du sol (les plus sensibles).
Solutions apportées par l’agriculture durable
Le Couvert permanent
Une couverture végétale permanente du sol associée à la restitution du maximum de résidus possible permet, non seulement de recharger le stock de matière organique, mais aussi de protéger les sols contre l’érosion. En effet, les systèmes racinaires de la plante de couverture limitent le détachement du sol en cas de pluie. De façon générale, la présence de biomasse à la surface du sol (plantes et litières, mulch) favorise la croissance de la micro et macrofaune, le stockage de matière organique, et participent ainsi à une meilleure stabilité structurale du sol. >>>Accoître la couverture des sols
Le semis direct
L’absence de travail du sol va permettre d’agir sur 2 points complémentaires et déterminants : un meilleur contrôle de la vitesse de minéralisation ce qui évite de dégrader trop rapidement le stock de matière organique, et la protection des habitats qui favorise le développement de la micro et macrofaune du sol nécessaire à la dégradation de la matière organique conditionnant en plus la vitesse de turnover. >>>Favoriser le non-travail du sol
« Aussi vrai qu’une règle mathématique, le nombre de vers de terre augmente si l’on réduit ou élimine le travail du sol ! » by Preston Sullivan, NCAT Agriculture Specialist, September 2001, Sustainable Soil management
La rotation des cultures
Chaque plante est différente, aussi bien dans son rapport C/N que dans son fonctionnement racinaire, ces besoins hydriques et minéraux ou son affiliation aux parasites … Grâce à la rotation des cultures, on peut jouer sur la quantité de résidus de culture, sur leurs complémentarités, et sur leurs qualités de matières dégradables. De plus, les résidus des plantes ont des vitesses de dégradations différentes (par exemple : le taux de lignine…) ce qui permet de gérer le stock de matière organique sur du long terme et d’avoir plus de flexibilité sur le choix de retirer les pailles ou non dans certains cas. >>>Améliorer la rotation des cultures
Ces 3 grandes solutions de l’agriculture durable conduisent à la production d’un puits de carbone agricole capable de produire beaucoup avec peu (ou pas) de pollution, une forte baisse des émissions de GES et le développement de la biodiversité dans les parcelles agricoles. >>>Augmenter le Carbone dans les sols
La menace sur la qualité de l'eau
La pollution des eaux par les nitrates représentent aujourd’hui un des grands enjeux de la protection des ressources naturelles en agriculture.
Bien que le pourcentage des masses d’eaux souterraines polluées reste faible, environ 10% (Note Eaufrance – « De l’état des eaux en 2009 aux objectifs 2015 », 2010), les nitrates présents dans l’eau sont responsables de très lourdes sanctions pour la France, soit 28 millions d’euro selon le Ministère de l’Ecologie, sans compter la perturbation des hydrosystèmes avec par exemple les ulves présentes en Bretagne.
Toutefois les nitrates ne sont pas le seul enjeu !
L’eau est inégalement répartie à l’échelle Française et les besoins ne sont pas uniquement liés au secteur de l’agriculture. Lors des étés précèdent 2013, des restrictions d’irrigation ont été imposées dans plusieurs régions (Poitou Charente, Sud Ouest, Midi Pyrénées, stade critique de l’état de la nappe en Beauce, …). Il y a urgence à mieux gérer la ressource hydrique en général et les besoins des plantes en eau d’irrigation en particulier. La gestion agricole de l’eau passe par le développement de la réserve utile des sols permettant la rétention de l’eau par le sol pour les besoins des cultures. La réserve utile des sols est sous la dépendance de sa texture et de sa structure. La structure est améliorée par la présence des plantes, l’enrichissement des sols en matière organique et la microporosité que construit l’activité biologique.
Quelles menaces pour la qualité l’eau ?
D’après ce tableau, TURQUIN (2009) distingue six menaces majeures sur la qualité de l’eau : le lessivage des sols, le ruissellement, la recharge des nappes, les inondations, la dégradation des hydrosystèmes et la pollution. Pour la protection de l’eau et des hydrosystèmes, intervenir sur le travail du sol et la diminution des intrants sont les enjeux les plus importants identifiées dans cette étude : une mauvaise gestion de ces deux facteurs implique des répercutions dans cinq des six menaces identifiées. Généralement, les études réalisées se basent sur les pratiques conventionnelles de l’agriculture. La question que devrait se poser l’ensemble des parties prenantes de la gestion de l’eau concerne les changements de pratiques agricoles : « si le mauvais état de la Ressource Eau est le résultat du travail du sol, de sa mise en nu, de l’apport des intrants, de l’irrigation et du drainage, qu’en serait il avec des pratiques agricoles différentes qui couvrent le sol toute l’année ? » En 2013, cette réflexion est ouverte par l’Agence de l’Eau Adour Garonne qui appuie le projet AgrEau.
L’irrigation demeure un sujet important. Les problèmes de salinisation des sols, irréversibles avec des pratiques agricoles conventionnelles (irrigation, travail du sol et sols nus), peuvent être résolus par la couverture permanente des sols (plantes et litières). Les politiques de restriction d’eau posent de nombreux problèmes aux agriculteurs. Améliorer la gestion collective de l’eau est indispensable. Une vrai politique de gestion de la ressource est nécessaire. De même, améliorer les pratiques agronomiques pour une meilleure gestion de l’irrigation devient vital. Ceci passe en premier lieu par l’augmentation du taux de matière organique du sol, le développement de sa porosité biologique et son exploration profonde par les systèmes racinaires.
Le drainage agricole est rarement un souci vis-à-vis de la gestion de l’eau. En évacuant l’eau des sols hydromorphes, cette technique permet la mise en valeur d’une importante part de la SAU. Ces sols ne contribuent que très rarement à la gestion des crues. Par contre, leurs capacités de rétention et de filtration de l’eau doivent être préservées via la couverture végétale. Généralement, c’est le défaut de couverture des sols drainés qui est responsable des transferts rapides de l’eau et des phénomènes de pollution.
L’assèchement des zones humides est un dossier complexe qui, aujourd’hui, concerne bien plus l’urbanisation que l’agriculture. L’assèchement des zones humides par l’agriculture constitue souvent un excellent compromis d’aménagement. Il a été utilisé comme arme sanitaire pour combattre les maladies et améliorer la santé publique (la Dombes, le marais poitevin, la Camargue, …). De nombreux sites ruraux possèdent encore des noms de lieux dits utilisant le mot Palud, constituant ainsi un témoignage vivant de l’histoire sanitaire des zones marécageuses où sévissait le paludisme. Généralement, l’agriculture n’a pas fait disparaitre les zones humides. Elle les a transformées en marais avec des techniques de polder, rendant productive ces zones sauvages et, par un système de canaux et d’écluses, contribue à l’amélioration de la gestion des crues et des inondations. En règle générale, les économies locales et le développement social ont été au rendez vous de ces programmes d’aménagement.
Solutions apportées par l’agriculture durable
La couverture permanente des sols
La présence permanente des végétaux sur le sol permet de lutter efficacement contre la pollution de l’eau (pompes biologiques et épuration), d’améliorer l’infiltration (recharge des nappes, baisse des inondations), d’augmenter la réserve utile (stockage de l’eau, amélioration de la gestion de l’irrigation), d’améliorer l’évapotranspiration qui baisse la température des sols et combat efficacement la salinisation (protection et production de MO).
Une fois dégradées, les plantes permettent d’augmenter le taux de matière organique (MO) dans le sol. La MO est l’élément structurant ainsi qu’un filtre. Elle contribue au complexe argilo-humique, augmente la CEC et la capacité de rétention des éléments ainsi qu’à produire un engrais naturel permettant la maîtrise de la fertilisation.
En consommant d’importantes quantités d’eau, les plantes retardent et/ou évitent les problèmes de saturation en eau qui fait perdre la capacité filtrante d’un sol et augmente :
- Les risques de lixiviation
- Le ruissellement
- Les risques d’inondations
En couvrant les sols, les plantes constituent un lieu d’accueil pour différentes espèces ce qui favorise la biodiversité. >>>Accoître la couverture des sols
La rotation des cultures diversifiées
La rotation des cultures permet d’assainir le sol à l’image des cultures intermédiaires pièges à nitrates (CIPAN), de favoriser la recharge des nappes en alternant des plantes selon leurs besoins en eau et leur développement racinaire, de lutter contre les adventices et diminuer les besoins en fertilisant. Par exemple dans le cas d’une rotation sur 5 ans de type : Pois-Colza-Blé-Blé-Maïs, la présence de deux dicotylédones au début de rotation et une culture de printemps en dernière culture permet de lutter contre les adventices en créant une alternance entre les différents cycles des plantes de cultures et par conséquence des adventices. Les indésirables de l’automne ne poussent pas au printemps ou en été et vice versa. >>>Améliorer la rotation des cultures
Le semis direct
L’intérêt de cette pratique est de limiter le travail du sol. Ainsi, les systèmes racinaires qui contribuent au fonctionnement de la capillarité de l’eau dans le sol sont préservés. La préservation et la cumulation d’année en année des propriétés physiques, biologiques et chimiques des sols, grâce à sa non perturbation et sa couverture permanente, contribuent à copier le fonctionnement de la nature en agriculture. Il faut comprendre que les formidables propriétés de production et de préservation de l’environnement réalisées par les écosystèmes sont sous la dépendance des plantes :
- Elles couvrent le sol dès que c’est possible, le sol est toujours couvert,
- Elles produisent, grâce au cycle de la matière organique, des sols fertiles à leur seul profit,
- Elles prolifèrent sur la terre fertile, et produisent un maximum de biomasse recyclé sur place,
- Elles entretiennent, régulent et épurent les cycles de l’eau, de l’air et du carbone,
- Elles développent la biodiversité,
- Le sol n’est jamais (ou très très peu) perturbé dans la nature !
A toutes ces nouvelles techniques agricoles contribuant à copier le fonctionnement de la nature en agriculture qui nous viennent de la tradition agricole amérindienne, il faut rajouter la totalité des dispositifs fixes et protecteurs que produit l’introduction des arbres. >>>Favoriser le non-travail du sol
L’agriculture du 21e siècle devra faire alliance avec la nature. Les techniques agroécologiques naissent de l’alliance de la couverture horizontale des sols par les techniques agricoles adaptées avec la couverture verticale des arbres qui améliorent le potentiel et la performance du puits de carbone agricole à construire. Les agriculteurs devront mettre correctement en œuvre les 5 outils de production agricoles et en mesurer les résultats.
Le non travail du sol
Les techniques culturales, avec ou sans labour, sont un sujet d’actualité en raison de la recherche d’une meilleure efficacité économique des exploitations et d’une optimisation du temps de travail.
Les questions posées par les producteurs sont nombreuses et suscitent souvent des débats : quels sont les impacts sur le sol, la qualité des produits, l’environnement, l’économie de l’exploitation, le temps de travail ? Les motivations d’adoption des techniques sans labour peuvent être diverses et les conséquences aux plans agronomique, environnemental et économique différentes d’une exploitation à une autre et même d’une parcelle à une autre. Il n’y a pas de réponse toute faite ; les règles de décisions doivent être adaptées à chaque situation.
Les répercussions économiques de l’introduction de la simplification du travail du sol sont toujours spécifiques de l’exploitation concernée. La simplification du travail du sol passe souvent par l’investissement dans un ou plusieurs outils spécialisés pour le non-labour. Par ailleurs, le passage du labour au semi direct nécessite des phases de transitions pour en tirer tous les bénéfices et d’être appréhendé dans une modification globale du système de production. Les grandes cultures (céréales d’hiver et de printemps, colza, maïs, tournesol, pois de printemps) sont bien adaptées à ces techniques de semis direct. D’ailleurs, ces techniques sont parfois dominantes dans certaines cultures, avec par exemple 60% de colza implantés sans labour.
Les enjeux agronomiques et environnementaux
Le sol est un milieu vivant constitué de milliers d’espèces représentées. Le type de technique choisi pour travailler le sol va avoir des impacts importants sur les organismes, et il faudra donc adopter celle permettant une interaction bénéfique entre toutes ses composantes. Globalement, les effets des différentes méthodes de travail du sol sur l’abondance et la diversité de la faune du sol sont liés à des effets directs lors du travail, à la modification de leurs habitats et à la modification de la distribution des apports nutritifs. La biodiversité des sols labourés est généralement inférieure à celle subissant de moindres perturbations physiques.
Ces techniques favorisent la biodiversité et rendent le sol moins sensible aux autres processus de dégradation. En évitant la perte de structure causée par le labour et en permettant aux résidus de culture d’être présents dans les premiers cm du sol, un habitat favorable aux organismes est créé ce qui exacerbe l’ensemble des propriétés du sol. En effet, l’augmentation de MO (matière organique) dans les premiers cm du sol constitue une réserve de nutriments indispensable qui permet le développement et l’activité des êtres vivants. Ainsi, l’ensemble de la chaîne alimentaire pourra bénéficier de l’arrêt du retournement du sol. >>> promouvoir les espaces de biodiversité
L’influence sur la microflore et la flore
L’augmentation de la MO en surface grâce au semis direct favorise la biomasse et la diversité microbienne dans la partie superficielle du sol. En effet, la zone 0-5 cm voit une augmentation significative des bactéries mais aussi l’apparition de nouvelles espèces non présentes en labour. Les champignons, aussi favorisés sous semis direct, participent activement à l’agrégation des sols ce qui a pour conséquence une meilleure stabilisation.
Le développement d’adventices pérennes et vivaces est plutôt facilité par le semis direct à cause des débris laissés en surface. Cette particularité engendre un renforcement des traitements herbicides néfaste pour la biodiversité. La gestion du désherbage chimique et mécanique va jouer un rôle important sur l’évolution du stock d’adventices. Cependant l’utilisation systématique de produits phytopharmaceutiques va à l’encontre de la biodiversité favorisée par le semis direct. Ainsi l’utilisation d’un couvert végétal et d’une rotation culturale étudiée pour ne pas favoriser les adventices sont les meilleurs moyens pour limiter les infestations majeures. Le labour, au contraire, favorise une flore adventice à semences persistantes comme le coquelicot et la folle avoine. >>> Favoriser la rotation des cultures >>> Augmenter le couvert végétal
L’influence sur la microfaune et macrofaune
Bien qu’elles soient favorisées dans les premières périodes suivant le retournement des sols grâce à une distribution plus homogène des résidus de culture, la compaction engendrée par le labour va se révéler néfaste. L’espace disponible va baisser du fait d’une compaction importante, d’une modification des échanges et stockages de gaz tout comme des changements dans les mouvements d’eau. Les nématodes libres, présumés responsables de 30% de la minéralisation totale dépendent des mouvements d’eau et sont donc sensibles à la structure du sol, à l’aération et à l’humidité. Une structure compacte ne les favorisera pas et ne leur permettra pas de participer au recyclage des nutriments. Les populations de Collemboles répondent différemment suivant l’espèce. On observe quasiment les mêmes espèces mais avec des densités différentes d’un système de culture à l’autre.
La macrofaune se compose d’un large panel d’organismes dont des auxiliaires de cultures. Elle réside dans le sol pour la majeure partie de sa vie et est donc extrêmement sensible au type de travail du sol. Le semis direct va donc favoriser certains organismes : lombrics, limaces, carabes, araignées. Il permettra également une augmentation conséquente de leur biomasse et particulièrement, des vers épigés. Cette augmentation des densités de carabes limitera le développement des limaces. Concernant les arachnides, arthropodes les plus abondants, ils sont plus nombreux sous semis direct que sous sol labouré.
Les vertébrés
Le semis direct améliore le développement et le maintien de ces populations car elles offrent une meilleure disponibilité en habitats d’hiver et de printemps. Une répartition de la MO plus importante en surface ainsi qu’une plus grande proportion de résidus de cultures a notamment pour conséquence de favoriser le développement de leurs proies et ainsi d’augmenter les ressources alimentaires disponibles (en effet, en favorisant les plus bas échelons de la chaîne alimentaire, le semis direct permet d’agir sur la biodiversité en générale). En revanche les passages mécaniques importants dérangent et détruisent les nids et les jeunes de certaines espèces.
Pour conclure ces techniques s’intègrent parfaitement à l’agriculture de conservation puisqu’elles ont des effets positifs sur l’érosion des sols, grave problème à l’heure actuelle.
En favorisant un couvert de résidus et de jeunes pousses au printemps et de résidus à l’automne, et en améliorant le taux de matière organique en surface ainsi que l’activité biologique, les TCS mettent en place un micro et un macro-environnement propices à la nidification d’espèces comme certains canards et certains limicoles, ainsi qu’à la mise en place d’un réseau trophique à la base duquel on retrouve de nombreux insectes et surtout des vers de terre.
Finalement, ces techniques, intégrées à d’autres gestions comme celles des bords de champs et des intercultures, peuvent être des modes d’aménagement relativement efficaces et faciles à mettre en place en agro-cynégétique.
Les autres enjeux du non-travail du sol
L’eau
Le semis direct améliore la rétention dans les couches les plus hautes du sol en limitant l’évaporation grâce aux résidus de cultures encore présents. Le peu d’études menées sur la relation entre semis direct et lessivage, indique que la formation du mulch entraîne une baisse d’efficacité des pesticides et des herbicides racinaires. En effet, leur adsorption est facilitée, ainsi que leur dégradation. Une solution est d’utiliser des désherbants foliaires, en préférant ceux dont les durées de demi-vies sont les plus courtes. >>> Optimiser l’utilisation de l’eau
Le sol
L’adoption du semis direct entraîne une augmentation et une stratification de la MO mais une diminution de la porosité et de la rugosité des sols. Cependant cette baisse de la porosité est partiellement compensée par la création de pores due aux vers de terre dont les populations sont plus importantes. La stabilité évolue positivement grâce à ces techniques notamment par l’augmentation de MO. Cette stabilisation est un des facteurs clef permettant de limiter l’érosion des sols en stabilisant son plan physique. De plus, l’effet «gouttes de pluie» est diminué grâce aux résidus de culture présents en semis direct ce qui favorise les propriétés d’infiltration et de ruissellement.
Le mulch est une couche de matériau protecteur posée sur le sol, principalement dans le but de modifier les effets du climat local. Si, à l’origine, le terme dérive évidemment de paille, de nombreux autres matériaux naturels ou synthétiques sont utilisés à cet effet. L’opération qui consiste à mettre en place ce matériau est le paillage. Le mulch instauré en semis direct diminue les risques de battance et d’érosion.
L’effet de serre
Le labour étant le plus demandeur en énergie, la baisse de l’intensité de son travail réduit donc l’émission de CO2. De plus, en adoptant les techniques de semi-direct, l’exploitant augmente sa production de MO et donc la séquestration de carbone. >>> Réduire la consommation de fuel >>> Augmenter le carbone dans le sol
Les enjeux économiques et sociaux
Dans le contexte socio-économique actuel, les agriculteurs se tournent de plus en plus vers des techniques de semis direct. En effet, ces techniques permettent de diminuer les coûts de production par le biais de la baisse des charges de mécanisation et de main d’œuvre, elles permettent également un gain de temps indéniable. >>> Réduire la consommation de fuel
Les indicateurs en lien avec ces bonnes pratiques sont les suivants :
- EBE
- Indice de satisfaction
- Temps de travail
- Coûts de production
- Travail du sol
- Taux de matière organique
- Activité biologique du sol
- Utilisation du sol
- Utilisation de l’eau
- Taux de nitrates
- Bilan GES
- Bilan énergie